Il est beau de partir pour revenir, mais lorsque la
joie du retour fait place à la déception, le seul désir
qui subsiste est celui de repartir plus loin encore.
Lettres du retour (1907), lettres fictives adressées
à un ami anglais, révèlent la crise d'une Europe
en train de se perdre et surtout d'une Allemagne
décentrée et privée de substance, une Allemagne que
l'auteur ne reconnaît plus, alors qu'il en avait gardé
un souvenir merveilleux durant ses dix-huit années
d'absence. Le pays des poètes et des penseurs est
devenu celui des commerçants, des industriels et des
opportunistes. L'apaisement viendra quand même,
dans une sorte de révélation qui ne provient ni des
mots ni de la musique mais de la peinture : celle de
Van Gogh. La magie des couleurs irrigue le monde et
ouvre les portes de la nature. Ce texte bref exprime
magnifiquement la crise intellectuelle des artistes
de Vienne à la charnière entre deux siècles, qui, de
Freud à Klimt et Rilke, ont produit tout ce qui fait la
modernité, mais aussi la crise d'une Europe qui va
plonger dans la Grande Guerre.