«Grande Régression» est ici le nom propre d'un
moment charnière (des années 1980 à nos jours) : celui
où l'on a aboli les limites territoriales, politiques et
morales qui contenaient le mobile de l'intérêt personnel
et le pouvoir de l'argent. Depuis lors, la mondialisation
du «modèle» néolibéral déconstruit les acquis de
la civilisation moderne. La promesse du progrès s'évanouit
dans l'autodestruction de l'économie et le saccage
des écosystèmes ; la cohésion sociale se dissout
dans la compétition et le communautarisme ; l'État
de droit s'efface devant l'État privatisé ; les libertés et
les droits de l'homme sont bafoués par les politiques
sécuritaires ; l'obscurantisme, l'addiction aux marchandises
et la servitude des travailleurs progressent
plus sûrement que l'autonomie des individus. L'auteur
montre comment ce recul général s'inscrit dans la dynamique
des sociétés humaines depuis les premières cités
antiques. Ultime phase d'une modernité qui a exploré
toutes les impasses d'un projet d'émancipation mal
fondé, la Grande Régression pourrait déboucher sur
une «nouvelle Renaissance».