Enthousiaste et voluptueux, « délirant et d'une obscénité inouïe » selon Apollinaire, ce roman raconte les aventures érotiques imaginaires de l'auteur et de sa fille Conquette Ingénue. On y retrouve tout le talent de Restif de la Bretonne, sa passion pour l'inceste, son fétichisme, son goût pour les petits pieds et les chaussures fragiles.
« Personne n'a été plus indigné que moi des sales ouvrages de l'infâme de Sade. Ce scélérat ne présente les délices de l'amour qu'accompagnées de tourments, de la mort même pour les femmes. Mon but est de faire un livre plus savoureux que les siens et que les épouses pourront faire lire à leurs maris, pour en être mieux servies. » Comme le titre de son livre et le ton de sa prérien l'indiquent, Restif de la Bretonne écrivit L'Anti-Justine , son oeuvre la plus célèbre, en réaction à la Justine de Sade, même si les « délices de l'amour » décrites par ce libertin contemporain de la Révolution française sont d'une extraordinaire amoralité.
Point de tyrannie du plaisir, ici tout ce qui ravit est bon et bien : tout est volupté, amour et tendresse : « L'Anti-Justine est, en raison justement de cette totale innocence, le livre de Restif de la Bretonne qui révèle avec le plus d'évidence sa constante et corrosive mauvaise foi. Il entraîne l'imagination et la corrompt, non par persuasion, dialogue, découverte d'abîmes tentateurs, mais par le flot d'une volupté facile. » Un récit étonnant, publié en 1798, qui constitue l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature érotique française.