« Voilà. Je t’ai bien rangé dans le congélateur et je t’ai emballé dans du papier d’aluminium afin que ta chair ne soit pas piquetée de glace. Lorsque je prends un morceau, je referme tout de suite derrière moi. Comme ça, les écarts de température ne favorisent pas le développement des bactéries et la viande reste bien fraîche. Mais il faut que je te prévienne. Ne crie pas. Ne te fâche pas : j’ai dû balancer deux ou trois trucs qui m’avaient l’air peu ragoûtants et dont j’ai senti intuitivement qu’ils ne seraient pas comestibles. J’ai fait comme j’ai pu, ce n’est pas tous les jours qu’on tue son frère et qu’on le transforme en repas. D’ailleurs je ne vais pas m’appesantir là-dessus car il serait trop long de t’expliquer comment je m’y suis pris pour découper ton corps, pour nettoyer le sang et pour que cela reste une opération propre et secrète ». « Le congélateur » est un texte fort, à l’écriture puissante où se mêlent l’anthropophagie, le désir, l’amour et la folie. Le premier roman d’un jeune auteur de 25 ans, Pascal Béné, étudiant en philosophie à Lyon.