Élément constitutif de la puissance soviétique, le territoire de l’URSS est une construction idéologique et politique, l’œuvre d’une appropriation. La recherche de l’intégration politique et économique du territoire est un objectif fondamental du pouvoir soviétique. Produit d’un mode d’organisation qui place sous le contrôle d’un appareil d’État fortement centralisé l’ensemble des cellules économiques et sociales, l’intégration territoriale est fondée sur une division géographique du travail entre des régions économiques fonctionnellement spécialisées et interdépendantes. Appréhendant le territoire comme une production, l’auteur analyse l’ensemble des actions et des moyens par lesquels le pouvoir soviétique s’approprie, contrôle et gère l’espace. Les changements du maillage territorial révèlent la logique de domination qui sous-tend la structure de l’appareil politico-administratif encadrant la société soviétique. Développant une analyse concrète des stratégies du développement territorial, l’auteur met en lumière l’écart existant entre le mythe d’une organisation territoriale « scientifiquement fondée » et une réalité qui s’apparente davantage au modèle centre-périphérie. Partir des pratiques de gestion du territoire pour réinterpréter le rapport du pouvoir soviétique au territoire, telle est la démarche adoptée.