« El Público » est l'oeuvre la plus difficile et intrigante de Lorca, et l'un des plus grands mythes du théâtre espagnol moderne. Lorca l'a écrite à Cuba, après son voyage à New York lors d'une intense époque d'expérimentation artistique et personelle. Le sujet de l'homosexualité y est traité ouvertement. L'oeuvre essaie d'être un cri de révolte contre l'hypocrisie bourgeoise et est plaidoyer en faveur de la liberté amoureuse et artistique. Deux façons d'entendre l'art font front dans l'oeuvre, le Théâtre en plein air, commercial et désireux de plaire au public, et le Théâtre dans les Arènes, qui essaie de révéler l'occulte et de remettre en question les valeurs établies. L'oeuvre aborde aussi le sujet des masques dans le théâtre, il les conduit au coeur de la pièce et définissent une réalité dans un état de changement perpétuel, une espèce de rêve où les personnages et les identités changent sans cesse de rôle. « El Público » nous submerge, inconsciemment, et interpelle sur la notion d'individualité et de sa propre volonté. Je ne suis pas un, mais plusieurs. Se pose aussi le sujet de l'art comme d'un instrument de transformation de la réalité, pas dans un sens seulement politique, mais total. Lorca et les surréalistes étaient convaincu que l'art avait la capacité de transformer l'être humain. C'est avec le même esprit que le compositeur Mauricio Sotelo, le librettiste Andrés Ibañez, le sculpteur et metteur en scène Alexandre Polzin, ont entrepris cette création contemporaine. Pablo Heras-Casado dirige le Klangforum Wien et le Choeur du Teatro Real.