Les Métaphores de l'inquiétude propose une analyse de trois des classiques de la littérature européenne du XXe siècle, considérés sous l'aspect même qui a fait leur célébrité : comme des écrivains métaphysiques, inventant un système d'images et de symboles pour exprimer une vision cohérente de la condition humaine. Sont tour à tour étudiés : la tentative de Giraudoux pour dépasser le tragique apparent de l'existence en la situant dans une perspective cosmique, et le constat d'échec sur lequel elle débouche ; les efforts de Hesse pour faire face au chaos, et pour trouver dans les contradictions mêmes de la vie une source supérieure de sens ; l'image extraordinairement angoissée et malgré tout paradoxalement lumineuse que Buzzati nous propose de notre sort, des mystifications qui nous guettent, de l'attente incertaine à laquelle nous sommes condamnés. S'il n'est pas question de nier les différences de sensibilité et d'écriture qui existent entre les trois écrivains, on peut néanmoins considérer qu'une même inquiétude les rapproche, et qu'ils incarnent un moment typique de la conscience du XXe siècle – plus précisément des années 1920-1950 –, reposant sur la conjonction d'un romantisme profond et d'une intelligence critique, rendant tout mysticisme problématique. Leur étude, qui s'adresse à l'honnête homme autant qu'à l'étudiant spécialisé, s'inscrit en tout cas dans le cadre d'une recherche générale sur les rapports de la littérature et de la philosophie à l'époque contemporaine.