Le thème de ce recueil sur les cas difficiles nous pousse naturellement à la réflexion sur notre pratique, à poser un regard sur soi comme intervenant face à ces autres auxquels nous sommes liés, le patient et sa famille, que le problème soit simple ou complexe. Ce thème m’interpelle puisque j’ai choisi comme carrière de travailler avec un groupe de patients réputés difficiles, celui des personnes présentant des troubles sévères de la personnalité. Cependant, sur quelle base puis-je affirmer que ce groupe peut être affublé de l’étiquette de cas difficiles ? Difficile pour qui, le patient ou l’intervenant ? Difficile pour quoi ? Que ramène cette épithète de difficile ? Est-ce qu’un problème complexe présenté par un patient pour lequel j’ai un intérêt marqué est un cas difficile ? À l’inverse, est-ce que ce sont le manque d’affinité envers le patient, son problème ou sa famille, ou est-ce que ce sont les sentiments négatifs que j’éprouve envers un patient (peur, exaspération, impuissance ou manque de connaissance) qui rendent le cas si difficile ?