Le cessez-le-feu peut mettre un point final aux hostilités. La guerre n’en continue pas moins, encore un peu, sur sa lancée. Soit un personnage qui n’ait jusqu’à ce jour connu la guerre que par ouï-dire, un sursitaire par exemple. Appelé soudain sous les drapeaux, il se sent mal à l’aise. La couleur des uniformes, la fréquentation des armes l’entraînent très naturellement à prendre la guerre à son compte. Il éprouvera un certain sentiment de culpabilité vis-à-vis des morts, des vivants. Il éprouvera le besoin de se trouver un nom d’emprunt, Pablo par exemple. Il pratiquera avec zèle l’art du camouflage. Aussi, bien des choses resteront-elles dans l’ombre, entre autres le souvenir d’Annie laissée derrière lui, qui n’écrit pas et qui s’éloigne. En six semaines, six chapitres, la jeune recrue a le temps de se familiariser avec la vie militaire. La guerre disparaît alors presque totalement. L’habitude aidant, il n’y a plus qu’un soldat de deuxième classe dans une garnison comme les autres.