Nous pourrions nous croire dans un Japon de fantaisie, mais non point de fiction puisqu’il se prête, avec un réalisme encyclopédique ou récapitulatif, à une accumulation de toutes les difficultés et erreurs qui se sont succédé sur la terre depuis que nous avons quitté le fond des âges. Dans une société qui tourne à la manière d’une roue de loterie, aussi bien dans ses valeurs que dans ses moyens de transport, un joueur particulièrement doué, du nom d’Oshima, se défait de ses premières mises : vengeance, hold-up, puissance, agitation, trouve l’argument d’un vertige et d’un tourbillon suprêmes qui pourraient prendre le nom de « révolution ». En libérant les éléments les plus déchaînés de l’univers, il trouble la concordance des faits et des esprits, il profane les convenances de l’histoire.... Malheureusement Oshima n’a pas pu aller assez loin pour échapper au vieux talion de l’incrédulité sur l’utopie. Lui-même se met en doute et choisit la retraite dans la philosophie. Mais aussi loin qu’il en soit au moment de mourir, il laisse une tentative que la nature a peut-être appréciée : pour lancer la ronde des choses et des mœurs on n’attend plus que le vent.