La France n’a pas besoin d’emprunter au-delà de ses frontières le modèle de sa réforme. Elle possède ce modèle en elle-même, à condition qu’elle accepte de prendre conscience de sa tradition profonde. L’idéal français peut se résumer en trois mots : social, national, spirituel. Social, d’abord, parce que le peuple, qui est à la peine dans les usines et dans les champs, doit trouver dans son travail les conditions d’une existence normale, libre et heureuse. National, parce que la réforme sociale, au lieu de se faire dans le cadre général de l’humanité internationale et par la lutte des classes, devra s’accomplir dans l’amour commun de la Nation — cet amour seul ayant assez de vertu pour exiger des masses ouvrières la discipline et des classes dirigeantes les sacrifices nécessaires à la justice sociale. Spirituel enfin, car la communauté française, qui plonge ses racines dans la tradition chrétienne, préférerait disparaître plutôt que d’être infidèle à un idéal humain, généreux et ouvert sur l’infini. Cet idéal a trouvé son expression la plus pure dans l’histoire de Jeanne d’Arc qui, fille du peuple, a sauvé la patrie et l’autorité, par un mouvement de foi et d’amour.