« Sylvie et son Destin » est la malheureuse histoire des mal-mariés dont nous pénétrons tout le drame, conduits par la délicate sensibilité de l’auteur. Pour Sylvie, le destin s’est découvert sous la forme d’une marieuse aussi cupide que désargentée, aussi dénuée de sens moral qu’elle affiche de respectabilité bourgeoise. Ses calculs la poussent à jeter Sylvie — entreprise facilitée par l’amour naïf de la jeune fille — dans les bras d’un neveu taré, vicieux et sans volonté, qui avoue lui-même n’avoir « d’autre plaisir que détruire et faire souffrir ». C’est à la fin dramatique de cette union que nous assistons, au moment où deux hommes dont le dévouement ne peut avoir que l’amour pour mobile unissent momentanément leurs efforts pour contrebalancer ce destin. Nous retrouvons là, dans la justesse de l’observation clinique et la profondeur de l’étude des sentiments, la grande tradition du roman psychologique. En nous guidant adroitement tout au long de son captivant récit, l’auteur décoche avec bonheur quelques-uns, de ses meilleurs traits contre certains tabous qui sont la honte de notre Société, contre la conception anachronique de l’éducation dont les malfaisantes erreurs s’abritent toujours au sein de bastions inexpugnables.