L'oeuvre de Félix Leclerc chemine avec la démarche de son peuple. Elle accompagne ce dernier dans son parcours identitaire effectué avec peu de moyens et beaucoup de bâtons dans les roues. Quand on dit à un peuple qu'il n'a pas besoin d'instruction pour prier et gagner son ciel, non seulement on le condamne à l'ignorance et à la pauvreté, mais on lui enlève aussi toute possibilité d'être fier de lui-même et de le proclamer à la face du monde.
Le poète n'a pas écrit pour rien ni personne sa « Prière bohémienne ». Les bohémiens de sa chanson, ce sont tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'exploiter leurs talents, d'exprimer leur créativité dans le sens qu'ils auraient souhaité, s'ils l'ont jamais trouvé. Ce sont les individus ordinaires qui, jour après jour, accomplissent tout de même leur travail avec un héroïsme auquel Leclerc rend hommage.
Ginette Pellant exerce aujourd'hui son talent en posant un regard tout à fait nouveau sur l'oeuvre de Félix Leclerc dont elle nous offre une analyse tant sociologique que politique.