L'Art de marcher
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L'art de marcher

REBECCA SOLNIT


L'Art de marcher

REBECCA SOLNIT

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Résumé
Cette étude divertissante considère la marche comme un art, avec ses maîtres, ses lieux de culte et son histoire. Rebecca Solnit évoque les différentes écoles de cet art qui célèbrent la beauté des paysages et du grand air. Par ailleurs, elle étudie les pèlerinages, les marches de protestation, les flâneries urbaines, le nomadisme des comédiens et des musiciens, les voyages à pied des compagnons du devoir et différentes pérégrinations qui, parfois, constituent de véritables rites de passage pour les jeunes. Le rythme de la marche a été ressenti par des philosophes et des écrivains comme propice à la réflexion, voire à la création. S’appuyant sur des citations et des anecdotes, Rebecca Solnit montre à quel point on saisit le monde à travers le corps et le corps à travers le monde. Mais ce "livre parcours" comprend aussi un véritable réquisitoire contre tout ce qui, aujourd’hui, empêche l’exercice de la marche. La rue est un espace démocratique par excellence, et la libre circulation du promeneur en ville et à la campagne une revendication plus nécessaire que jamais… A notre époque, l’art de la marche devient une pratique fondamentale et subversive dans les pays occidentaux. Extrait I Le bout de la terre. Entrée en matière Qu’y a-t-il au départ ? Une tension musculaire. En appui sur le pilier d’une jambe, le corps se tient entre terre et ciel. L’autre jambe ? Un pendule dont le mouvement part de l’arrière : le talon se pose sur le sol, le poids du corps bascule vers l’avant du pied, le gros orteil se soulève, et à nouveau le subtil équilibre du mouvement s’inverse, les jambes échangent leur position. Au départ il y a un pas, puis un autre et encore un autre, qui tels des battements sur la peau d’un tambour s’additionnent pour composer un rythme, le rythme de la marche. Rien de plus évident, rien de plus obscur aussi que ce déplacement qui s’égare si facilement dans la religion, la philosophie, le paysage, l’aménagement du territoire, l’anatomie, l’allégorie, le désespoir. L’histoire de la marche est une histoire secrète encore à écrire, qui se livre par fragments dans des milliers de passages anecdotiques d’ouvrages ou de chansons, au hasard des rues, dans les aventures de presque tout un chacun. L’histoire corporelle de la marche est celle de l’évolution du bipède humain et de son anatomie. On marche le plus souvent pour des raisons purement pratiques, en utilisant sans même y penser ce mode de locomotion pour aller d’un point à un autre. Sublimée en quête, en rite, en méditation, et subsumée sous la catégorie marche, l’activité qui consiste à mettre un pied devant l’autre est physiologiquement identique à la manière dont le facteur apporte le courrier ou dont le travailleur va prendre son train, mais elle en est philosophiquement différente. Ce qui revient à dire que ce thème porte à certains égards sur les significations particulières dont nous investissons des actes universels. Comme se nourrir ou respirer, marcher peut revêtir des acceptions culturellement très diverses — érotiques ou spirituelles, révolutionnaires ou artistiques. L’histoire de la marche, dès lors, relève en partie de l’histoire de l’imaginaire et de la culture : quels plaisirs, quelles libertés, quel sens poursuivent, à des moments différents, les différents types de marche et de marcheurs ? Pétrie par les espaces qu’elle traverse au rythme du pas, l’imagination les façonne en retour. En ouvrant des sentiers, des chemins, des routes commerciales, la marche a généré le sentiment de l’espace, proche ou démesurément lointain ; elle a dessiné les villes, les jardins, entraîné l’apparition des cartes, des guides de voyage, d’un équipement adapté, et bien plus encore : une gigantesque bibliothèque de récits et de poèmes, de relations de pèlerinages, de randonnées et d’ascensions, d’errances ou d’excursions en pique-nique. Portées par les paysages urbains ou agrestes, ces descriptions et ces évocations nous ramènent aux lieux de cette histoire. De même que la marche est une activité d’amateur, l’histoire de la marche sollicite l’historien amateur. Pour prendre une métaphore qu’elle inspire, elle l’amène à traverser les territoires d’à peu près toutes les disciplines, aussi bien l’anatomie que l’anthropologie, l’architecture, le jardinage, la géographie, l’histoire politique et culturelle, la sexualité, l’étude des religions, sans s’arrêter à aucune au cours de sa longue route. En effet, à poursuivre cette comparaison entre domaines disciplinaires et domaines agricoles — arpents nettement délimités, dûment labourés et ensemencés pour la récolte d’espèces précises —, l’étude de la marche s’apparente à la marche elle-même de par son absence de limites. Aussi, bien que l’histoire de la marche, parce qu’elle relève de toutes ces disciplines et de l’expérience commune, soit théoriquement infinie, l’histoire que j’entreprends ici d’écrire est forcément partielle, sinon partiale ; l’itinéraire très personnel, frayé par la marcheuse que je suis à travers ces espaces, serpente à loisir et revient en arrière pour découvrir de nouveaux points de vue. Je me suis efforcée de jalonner les chemins empruntés jusqu’à nos jours par nombre d’habitants de mon pays, les Etats-Unis, afin de retracer une histoire qui trouve largement sa source en Europe, mais a été infléchie et bouleversée par l’échelle immensément autre de l’espace américain, par des adaptations et des mutations opérées sur plusieurs siècles, par des traditions différentes, asiatiques en particulier, auxquelles ces routes se sont ouvertes depuis quelque temps. L’histoire de la marche est l’histoire de tout le monde, et l’écrivain qui tente de la restituer ne peut qu’espérer en indiquer les voies les plus fréquentées dans son voisinage, manière de dire qu’il existe bien d’autres chemins que ceux que je repère ici. Après m’être assise à ma table par un jour de printemps pour écrire sur la marche, je me suis vite levée car la surface du bureau n’est pas un lieu propice à la réflexion sur l’espace. Sortie marcher sur la pointe de terre qui s’étend au nord du Golden Gate, j’ai remonté un vallon et suivi une corniche avant de redescendre au bord du Pacifique. Après un hiver de précipitations plus abondantes que d’habitude, les collines venaient de retrouver ce vert cru, exubérant, que j’oublie et redécouvre tous les ans. A travers l’herbe tendre, çà et là pointaient les touffes de la saison passée, leurs ors de l’été dernier pâlis par les pluies en un gris cendré qui viendrait enrichir les nuances de la palette au cours des mois prochains. Henry David Thoreau, qui arpenta plus énergiquement que moi l’autre partie de ce continent, disait à propos de l’ici : "Une perspective absolument neuve est un grand bonheur qu’il m’est encore donné de connaître cet après-midi. Deux ou trois heures de marche, et me voilà dans une contrée aussi étrange que j’espérais la découvrir. Parfois, une ferme isolée que je vois pour la première fois vaut tous les territoires du roi du Dahomey. Il y a de fait une harmonie décelable entre les potentialités du paysage compris dans un cercle de quinze kilomètres de rayon, limite d’une promenade à la mi-journée, et l’intervalle de quelque soixante-dix ans que couvre la vie humaine. Jamais ce paysage ne devient tout à fait familier1." Ces chemins et ces routes qui s’abouchent forment un circuit de neuf kilomètres environ que j’ai commencé à explorer voici une dizaine d’années, afin de soulager en marchant les angoisses générées par un moment pénible. J’y suis revenue par la suite, pour m’accorder un répit dans mon travail mais aussi pour travailler, parce que dans une culture vouée à la productivité penser est généralement assimilé à une inactivité difficile à assumer. On y parvient mieux en faisant semblant d’agir, et ri
Détails
Titre
L'Art de marcher
Éditeur
Prix
47,95 $
Format Poche
Non
Langue
Français/French
Nombre de pages
400
Date de publication
2002-04-23
Dimensions
24x13
ISBN
9782742735846
Code Interne
427695
Numéro de produit
140029706

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