Il s’appelait William Petty. Il bouleversa le goût de l’Europe. Qui se souvient de lui?
D'origine paysanne, William Petty fut un pauvre boursier de Cambridge, avant de devenir l’un des grands hellénistes de son temps. Engagé par Lord Arundel, premier pair du royaume d’Angleterre, il devint le précepteur de ses enfants. Jusqu’au jour où Arundel s’aperçut que Petty possédait un don unique pour repérer la beauté. Un «œil».
À une époque où les grands aristocrates se servaient de l’art comme signe de puissance, Petty devint l’arme maîtresse de Lord Arundel dans la bataille politique qui l'opposait au favori du roi, le superbe duc de Buckingham... S’ensuivit une lutte implacable où les deux rivaux tentèrent de se vaincre par chefs-d’œuvre interposés. Arundel passe aujourd'hui pour l'un des plus grands collectionneurs du monde. On ignore que c'est à Petty qu'il doit cette réputation.
William Petty fut peut-être le premier archéologue de tous les temps, un aventurier qui eut la folie –ou le génie – de s'emparer des chefs-d'œuvre de l’humanité sur tous les rivages de la Méditerranée. «On ne pourrait inventer un personnage mieux taillé pour la tâche, dira de lui en 1628 l'ambassadeur d'Angleterre à Constantinople. Un esthète qui accueille tous les accidents avec un flegme inébranlable, qui mange avec les Grecs quand ils n'ont rien à manger, qui dort sur le pont avec les marins dans ses nuits les meilleures, et Dieu sait où, le reste du temps. Un homme qui se met au service de tous les hommes et qui joue tous les rôles, pope avec les orthodoxes, marchands avec les Vénitiens, j'en passe, le tout pour arriver à ses fins… Un limier subtil qui navigue entre la sagesse et l’excès, un chasseur raffiné qui croise entre l'érudition et le crime.»
Sur les traces de William Petty, cet oublié de l’Histoire qui a rempli de trésors les plus grands musées, Alexandra Lapierre nous entraîne dans un mystérieux voyage. Des châteaux embrumés de la Tamise aux temples lumineux de la Grèce, des galeries des palais vénitiens au fin fond des geôles turques, et jusque sous le baldaquin de Saint-Pierre et les coupoles de Sainte-Sophie… Elle l’a traqué durant cinq ans sur tous les théâtres de son insatiable quête. Elle a écumé les bibliothèques, les correspondances et les inventaires. Et c'est en recourant à l’art du romancier qu'elle restitue à William Petty le destin que le temps et l'Histoire lui avaient volé.