En ce centenaire du Tour de France, Raphaël Geminiani est le dernier champion dont le nom évoque aussitôt les glorieuses Grandes Boucles de l'après-guerre. De 1947 à 1959, Geminiani a couru douze Tours, dont neuf dans l'équipe de France. Voici un demi-siècle, il était au départ du Tour du cinquantenaire en 1953. Qu'on l'appelle l'Auvergnat, le Clermontois, Raph, Gem, la Carabine ou le Grand Fusil, Geminiani a fait souffrir ses vainqueurs. En 1950, Kubler gagne, il est quatrième. En 1951, Koblet l'emporte, il est deuxième. En 1955, Bobet est victorieux, il est sixième. En 1958, Geminiani revêt le maillot jaune, Gaul le bat, il est troisième. Et ainsi de suite. Sans oublier sa première place au Grand Prix de la montagne 1951, ses sept victoires d'étapes et ses coups de gueule et de fusil qui font du Grand Gem un personnage de légende. Un héros photographié et caricaturé à foison dans les But-et-Club et Miroir-Sprint d'époque, le signe ne trompe pas. Coureur puis journaliste, directeur sportif et suiveur, Geminiani a cinquante Tours de France à son actif. Mêlant son incomparable expérience vécue du Tour, son savoir des Grandes Boucles de son enfance, ses souvenirs personnels et sa carrière, Geminiani a décidé de se raconter et de raconter les autres, les Bartali, Bobet, Coppi, Anquetil, Rivière, Robic et consorts, jusqu'à Merckx, Hinault et Armstrong. Célèbre pour sa faconde, Gem est à la hauteur de sa réputation : il manie en crack l'argot gouailleur du vélo. Ses anecdotes sont percutantes et sa galerie de portraits plus vraie que nature. Drôle et plein de verve, le livre de Gem a pour valeur première l'authenticité. Pas de chichi ni de blabla hors sujet, le Grand Fusil y était, il en a été. Ça, mesdames et messieurs les amateurs, le Tour de France, Raphaël Geminiani connaît !