La démarche d'écriture d'André Gervais est marquée par un travail constant et minutieux sur la matérialité de la langue et sur l'exploration à la fois ludique et maniaque de toutes ses possibilités linguistiques et émotives. En ce sens, il est un proche " parent " de Tristan Tzara, Raymond Queneau et Georges Perec.
Quand je parle d'elle. Mais de qui donc ? Une femme, la langue, l'écriture ? Inutile de discriminer; plutôt tenter d'en voir, d'en lire, d'en imaginer tous les possibles et de lire ce recueil dans toutes les ambiguïtés qu'il nous suggère. Car André Gervais ne ferme jamais aucune porte à la lecture. Bien au contraire, ses multiples inventions lexicales et graphiques permettent à chaque lecteur d'investir ce texte à sa propre manière... malgré cette impression, préméditée bien sûr, que l'auteur, dans un souci compulsif de maîtrise, a tout prévu !
Lire André Gervais, malgré l'actuelle mode poétique à la transparence et à un lyrisme parfois décadent, c'est réapprendre à lire, mot à mot, c'est réapprendre à inventer et à se laisser surprendre, dérouter, choquer même. Et pourquoi donc la littérature ne serait-elle qu'un territoire sécuritaire et confortable ? Pourquoi l'écriture devrait-elle se cantonner dans le convenu et le consolant ?
À vous de jouer... si vous vous rappelez comment !